Je n'étais pas fan d'Annie Girardot. Tout juste l'avais-je trouvée touchante dans Rocco et ses frères... et mignone. Mais décidément, elle en faisait trop, comme Belmondo. Courir, hurler, gesticuler n'est pas jouer. Certes, elle avait de l'abattage mais on était bien loin de la finesse et de la subtilité d'une Meryl Streep. Et pourtant, un jour, Annie Girardot m'a fait pleurer. C'était en 1997, dans le théâtre que j'administrais et où nous envisagions de la faire jouer. Je ne m'attendais pas à voir le Docteur Françoise Gailland dans un tel état de décrépitude, pauvre chose émouvante et fragile et ratatinée, minée par l'alcool, les cigarettes et que sais-je encore. Impossible alors de ne pas penser à Piaf.
J'ai compris ce jour là que si les plantes peuvent s'étioler en passant de la lumière à l'ombre, il en est de même pour les actrices lorsque les projecteurs s'éteignent.