Mayotte, 101ème département français depuis mars dernier, est partie prenante de notre territoire depuis 1841, c'est-à-dire antérieurement à la Savoie ou au comté de Nice (1860). Aujourd'hui, Mayotte crève de faim dans l'indifférence quasi générale et en tout cas dans le silence absolu de nos gouvernants. Mayotte est loin des beaux discours et même des fausses promesses. Voilà le témoignage d'un ami qui vit là-bas et que je retranscris avec son autorisation.
"Effectivement ici la situation n’est guère réjouissante. L’île est paralysée depuis presque un mois, et il est assez impressionnant de se balader dans ce bout de France avec des policiers déguisés en robocop à chaque coin de rue. Au départ, l’affaire est simplement syndicaliste, et les revendications sont assez légitimes : vu que Mayotte est le 101eme département français, pourquoi les prix sont ils beaucoup plus élevés qu’à la Réunion, plus éloignée de la France que Mayotte ? Du coup, suivant l’exemple antillais, les gens sont descendus dans la rue et ont barré les axes routiers, puis fait fermer les commerces d’alimentation.
L’histoire aurait pu s’arrêter là si la situation n’avait pris une tournure politique. La gestion de la crise a été faite en dépit du bon sens, et on s’est dit que les nègres de Mayotte n’étaient pas aussi dangereux que ceux de la Martinique, plus sanguins, et surtout plus armés…Donc le préfet a fait venir force renforts de métropole et de la Réunion, et a fait charger à grand coups de lacrymos et de flashball, une foule qui a commencé à devenir de plus en plus incontrôlable.
Les magasins étant fermés, il n’y avait plus qu’à casser pour se servir, et ils ne se sont pas privés.
La dessus arrive Penchard, dont on se dit qu’elle va bien passer à la caisse et envoyer un petit 100 millions d’euros pour aider les pauvres mahorais…Que nenni ! Un discours hyper politicien, demandant à chacun de rentrer chez soi, rappelant tout le bien que le nabot a fait pour le département : la télé gratuite à 9 chaines, l’Internet haut débit qui ne saurait tarder, et puis comme on est gentil, on va allouer 5 euros de subvention pour toute famille ayant moins de 600 euros de revenus, pour l’achat mensuel de 10 produits de première nécessité…Sachant que les ¾ sont clandestins et non inscrits à la CAF, c’est tout bénef…Ca représente donc 14000 familles, soit une dépense de 80000 euros mensuels, qui ne risque certainement pas de grever le budget de l’état, quand on voit ce qu’on donne aux grecs, j’ai un frisson dans le dos…
Evidemment, tout cela s’accompagne d’une omerta orchestrée par le nabot, qui ne voudrait pas écorner son image de bon petit père avant le début de sa campagne. Du coup on n’entend rien, on n’en parle nulle part, et on laisse la situation se pourrir et se dégrader. Avant-hier, première victime. Hier, grande marche digne et noble d’environ 10000 personnes pour demander que justice soit faite…Résultat de l’autopsie : la mort serait due à un massage cardiaque mal prodigué…Le préfet, tel Ponce Pilate, s’en lave les mains.
Le syndicaliste, homme fort de la situation s’est d’ores et déjà déclaré candidat aux prochaines législatives, et main dans la main avec le président du conseil général, dont le nabot veut la tête car il est centre gauche, ils ont défilé dans la rue, forçant les commerces à baisser leur rideau. Du coup, tout le monde veut la tête de tout le monde, et les négociations concernant les prix sont reléguées au second plan. Donc la situation ne me paraît pas près d’évoluer dans le bon sens.
Mon collège est fermé depuis deux jours, et on s’informe de la situation au jour le jour. Evidemment les frigos se vident et ne sont pas près de se remplir, car même si les magasins-pillés-rouvraient, ca serait la foire d’empoigne pour ce qu’il reste dedans, certainement périmé, et ils ne sont pas près d’être réapprovisionnés car les cargos qui assuraient le ravitaillement ont bien évidemment fait demi-tour compte tenu de la situation."